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GALERIE DES FEMMES

vrent encore. À l’entrée extérieure du sanctuaire, le Mystère, un doigt sur la bouche, une main sur les yeux, prescrit la discrétion, et défend la curiosité.

C’est dans ce lieu charmant que l’aimable Zulmé anticipe en imagination sur un bonheur dont l’attente caresse ses sens et ne les tourmente pas. Occupée d’un seul objet, elle se promène à grands pas, s’arrête par intervalle pour écouter : le moindre mouvement qu’elle croit entendre précipite les palpitations de son cœur ; elle reste immobile, le cou tendu, l’œil fixe ; elle craint de respirer, toute sa vie est dans son oreille. Mais cette fois elle ne se trompe pas, quelqu’un se fait entendre dans l’appartement voisin ; le parquet frémit, une porte s’ouvre ! c’est d’Arnance : Laissons-le, aux genoux de Zulmé, lui faire le récit des épreuves auxquelles on a mis sa patience et son amour ; et sans nous amuser à filer des situations ordinaires, transportons-nous au moment où Zulmé, l’œil humide de désir, belle d’espérance et de volupté, se lève de table, et se dérobe