Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
GALERIE DES FEMMES

simple avait en elle un attrait particulier. Elle ne faisait rien comme une autre : une autre le faisait mieux et plaisait moins. Penchait-elle la tête, levait-elle un bras, avançait-elle le pied, on était ému ; il suffisait qu’elle regardât pour qu’on se crût aimé. Son caractère était fait pour sa figure ; il en avait l’irrégularité piquante et la gracieuse originalité. Cette jolie créature s’était fait un système de la volupté (qu’elle définissait assez bien « la fille du plaisir et de la délicatesse, » mais dont elle était elle-même la meilleure définition), et pour devise elle avait pris ce vers de l’Art d’aimer :

Jouir est tout ; les heureux sont les sages.

Dans la poursuite du plaisir, Zulmé n’oubliait rien de ce qui peut le rendre plus vif et plus durable. C’est ainsi qu’elle ménageait avec soin sa réputation, pour avoir toujours ce sacrifice à faire. « L’Amour, disait-elle avec autant de finesse que de vérité, se plaît à mettre Psyché nue, mais il veut la trouver habillée. »