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GALERIE DES FEMMES

Zulmé, veuve et héritière, à vingt-deux ans, d’un de ces quarante favoris de Plutus dont on aurait dit moins de mal s’ils eussent possédé moins de biens, réunissait tout ce qu’on est convenu d’adorer sur la terre : la fortune, la jeunesse et la beauté. Cependant, je me trompe en un point : elle n’était point belle ; elle était mieux : elle était jolie. Chacun de ses traits, isolé, n’avait rien de remarquable ; l’ensemble en était délicieux. Un peintre à soixante ans s’apercevrait peut-être que ses yeux pourraient être plus grands, son nez plus régulier, sa figure d’un ovale moins arrondi ; mais l’imagination la plus riche voudrait en vain ajouter quelque chose à l’éclat de son teint, à l’expression de son regard, au tour voluptueux de sa bouche, au luxe de sa blonde chevelure. En se demandant compte du charme irrésistible qu’on éprouvait auprès d’elle, on trouvait qu’il était particulièrement l’ouvrage des grâces, mais des grâces que l’on sent, que l’on découvre, et pourtant qu’on ne peut définir. Son moindre geste, le mouvement le plus