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GALERIE DES FEMMES

forcé d’être démonstratif. Je vous trouve jolie ; faute d’expressions, je mets en avant des preuves : en amour, l’un vaut bien l’autre. — Mais encore, monsieur, il est une manière de s’y prendre. Je ne suis pas fâchée qu’un galant homme me trouve à son gré ; mais je voudrais qu’il me le dît avec plus de ménagement ; et je ne connais rien dans ma personne qui autorise votre façon d’agir. » Corine avait beau dire, les preuves du geôlier attiraient son attention ; elle les repassait dans sa tête, et voici les réflexions qu’elles lui firent naître. « Ce geôlier est jeune, entreprenant, beau garçon : un hasard, qui sans doute ne se représentera jamais, me condamne à passer deux heures de la nuit seule avec un homme dont la conversation semble être le moindre talent ; si je lui plais, si je peux l’aimer, nous n’avons que deux heures ; il a donc raison de vouloir mettre le temps à profit, et j’aurais tort, moi, de donner à la forme des moments que l’on peut consacrer au fond. » Pendant cet aparte mental, que Mazet expliquait à son avantage, il approchait