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GALERIE DES FEMMES

tence, et dont le charme est peut-être surpassé par celui qui lui succède. Cette douce agonie des désirs est en même temps le triomphe de l’amour et celui d’Élisa : elle prolonge le délire de son heureux amant expirant dans ses bras. Quels doux gémissements elle mêle à ses soupirs ! quels longs baisers elle imprime sur sa bouche entr’ouverte !… Alcidor renaît, et ses premiers regards s’attachent avec ravissement sur sa maîtresse adorée. Insensiblement de part et d’autre l’ivresse se dissipe, l’âme se repose dans le silence des désirs, et des heures absorbées dans l’amour se passent à leur insu dans le mutuel épanchement d’un entretien plein d’intérêt, de confiance et d’abandon.

La nuit était presque entièrement écoulée, et nos prisonniers, qui ne croyaient pas avoir épuisé les deux heures dont le geôlier leur avait assuré la jouissance, s’abandonnaient sans inquiétude au plaisir de se trouver ensemble ; un faible rayon de lumière pénétrant l’épaisseur des murs du souterrain à travers une ouverture oblique pratiquée dans la voûte, vint dissiper