voix entrecoupée l’amoureux prisonnier, la soif
du bonheur me tue, tes faveurs m’enivrent, et
mon âme ne peut plus suffire à sa félicité ! » En
disant ces mots, il se laisse aller dans les bras
tremblants de son amante, qui n’oppose à l’impétuosité
de ses désirs que la molle résistance
de la pudeur. Déjà ce couple fortuné touche
au moment du suprême bonheur. La foule des
amours, non cette troupe libertine que le dieu
de Lampsaque traîne à sa suite, mais le cortége
aimable de l’enfant de Gnide, voltige autour
du lit nuptial ; les uns sèment de roses la paille
grossière qui frémit amoureusement sous le
poids de la volupté ; d’autres allument leurs
flambeaux à la lampe sépulcrale, et font naître,
pour la première fois, la clarté des cieux dans
l’asile des ténèbres, tandis que les plus assidus
autour de nos amants augmentent et partagent
l’ivresse qu’ils inspirent. « Bonheur !… plaisir !…
Élisa ! dit Alcidor dans la plus violente
velle Héloïse ; mais dans quel instant s’avise-t-elle d’avoir de la mémoire ? (Note de l’éditeur.)