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GALERIE DES FEMMES

sein d’Élisa ; l’âme de l’un s’embrase, celle de l’autre se fond, pour ainsi dire, au brasier de l’amour. « Mon doux ami, dit-elle d’une voix tendre, nos âmes se sont touchées, se sont unies sur nos lèvres : qu’elles ne soient jamais séparées ! Entendez, grands dieux, le serment que je fais de consacrer toute ma vie, tout mon être, au bonheur de celui que je rends en ce moment l’arbitre de ma destinée ! » En disant ces mots, son cou d’ivoire, abandonné à son propre poids, reposait sur un des bras de son amant, dont l’œil avide, mettant à profit la position, plongeait sous la mousseline légère, et s’enivrait du plaisir de contempler les trésors d’une gorge admirable. Son cœur est dans ses yeux ; il ne peut l’arracher au spectacle de tant de beautés. Attentive aux moindres impressions de son amant, Élisa jouit du ravissement qu’elle procure ; c’est dans Alcidor qu’elle vit, c’est de son bonheur qu’elle est heureuse, et son âme brûlante communique à ses sens la chaleur dont ils seraient privés sans elle. Son cœur seul a soif d’amour. On dirait, en voyant sa figure