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GALERIE DES FEMMES

de ce que tu vois n’existe pour moi en ce moment ; le charme de ta présence agit sur tous les objets comme il agit sur mon cœur. Quel palais du plus puissant monarque vaudra jamais le séjour où s’exhale le souffle d’Élisa ! — Oui, mon ami, je partage cette ravissante illusion : ce n’est plus un cachot affreux, c’est le temple même de l’amour. Parents orgueilleux et barbares, il faut, dites-vous, un nom, de la fortune, des honneurs pour prétendre à ma main ; mais l’amour suffit à mon cœur. Alcidor, c’est à moi de réparer les maux dont je suis cause, c’est à l’amante à faire oublier les torts involontaires de celle qu’un absurde préjugé place au-dessus de toi. Le sentiment n’admet point ces puériles distinctions ; il est au-dessus des vaines institutions des hommes ; il commande tous les sacrifices, même celui de la pudeur (le seul véritablement pénible), lorsque c’est au véritable amour qu’ils sont offerts : libres tous deux, le seul bien dont je croyais alors pouvoir disposer, mon cœur, fut le prix du tien ; esclaves aujourd’hui, c’est ma