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GALERIE DES FEMMES

en se précipitant à ses genoux l’infortuné jeune homme ; mes yeux ne me trompent-ils pas ? en quel lieu vous revois-je, et par quel prodige de générosité, de bienfaisance et de courage avez-vous pénétré dans ce gouffre du désespoir ? Quel dieu vous a conduite jusqu’à moi ? — L’amour, Alcidor, l’amour par qui je vis ; mais toi, mon doux ami, de quel œil revois-tu cette Élisa, la cause de tes souffrances ? — Que parles-tu de souffrances, femme adorée, est-il une éternité que je ne crusse payée mille fois par l’instant où je vis ! Oh ! maîtresse de mon cœur ! laisse-moi bénir l’injustice de tes parents, puisqu’elle me vaut aujourd’hui le bienfait de ta présence. » Après les premiers épanchements d’une mutuelle sensibilité, Élisa porta ses regards autour d’elle. Tout entière à l’amour, elle n’avait encore vu qu’Alcidor. De quelle amertume son cœur fut abreuvé en examinant les objets qui s’offraient à sa vue ! Ses yeux se remplissaient de pleurs. — « Je surprends le secret de tes larmes, dit-il en essuyant les beaux yeux de son amie ; mais rien