Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
GALERIE DES FEMMES

dente dont le zèle et l’attachement lui sont bien connus. La bonne Corine, qui sait par expérience qu’il faut servir les passions des femmes au lieu de raisonner avec elles, applaudit au projet téméraire que forme en ce moment sa maîtresse, et se charge gaîment des détails de l’exécution.

La vieille revint le lendemain à l’heure indiquée, et reçut de Corine un billet pour Alcidor, où la main d’une amante avait tracé ces mots : « Je sais tout ; ton sort est affreux, mais mon amour est sans bornes : tu connaîtras bientôt ton Élisa. » Que ce jour parut long à sa tendre impatience ! La nuit vint enfin. Minuit sonne ; tout dort dans l’hôtel. Élisa, couverte d’un voile, soutenue par Corine, descend un escalier dérobé qui mène au jardin, et du jardin dans une rue de traverse. Une voiture de place les y attendait, et les a conduites à la prison où le malheureux Alcidor expiait le crime d’être aimé.

L’or qui ouvrit à Jupiter la prison de Danaé, rendit encore une fois ce service à l’amour. Le