Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18
GALERIE DES FEMMES

craignaient les conséquences, surprirent à l’autorité une lettre de cachet, à la faveur de laquelle l’infortuné jeune homme fut enfermé dans une prison, où les traitements les plus inouïs lui furent prodigués, afin d’arracher de lui la promesse de s’éloigner pour jamais d’Élisa ; c’est à ce prix seul qu’on mettait sa liberté. Alcidor fut inébranlable, et ses persécuteurs, désespérant de fléchir son âme altière, l’abandonnèrent à l’horreur d’une éternelle captivité.

Cependant, Élisa à qui l’on avait eu soin de cacher les persécutions que l’on exerçait sur son amant, ne savait à quoi attribuer son éloignement et le silence qu’il gardait avec elle. Les vives inquiétudes, les noirs pressentiments assiégeaient son âme, et de tous les malheurs que lui offrait son imagination, le véritable était le seul qui ne s’y présentât pas.

Deux mois s’étaient écoulés pour elle dans les douleurs et dans les larmes. Un soir qu’elle se promenait au Luxembourg avec quelques dames de sa société, une pauvre femme la tira par ses importunités de la rêverie profonde où