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GALERIE DES FEMMES

fureur aimable les agitent, les transportent ; des articulations demi-formées expirent sur leurs lèvres, un voile s’étend sur leurs yeux ; ils se plongent et s’abîment dans un océan de délices.

L’extase de la volupté prépare le retour de la raison. Celle d’Adèle sortit bien tard d’un sommeil enchanteur, et son triste flambeau ne brilla que pour éclairer les irréparables ravages de l’amour. Revenue à elle-même, l’intéressante novice jette avec douleur ses regards autour d’elle ; la lumière l’afflige, quelques larmes tombent de ses beaux yeux, et la pudeur qui reprend ses droits s’empresse de jeter un voile sur des objets que l’illusion abandonne.

Après avoir pleuré avec sa victime, obtenu sa grâce, et scellé son pardon par un dernier baiser, Sargines s’éloigne à regret, et la pauvre Adèle, plus instruite et moins tranquille, regagne lentement sa retraite, en songeant au moyen de revoir son amant et de tromper sa tante.