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GALERIE DES FEMMES

les termes les plus passionnés, l’aveu de son sexe et de l’amour qu’il ressent pour elle depuis longtemps, à son insu ; il demande grâce pour sa témérité, et la demande d’une façon si touchante, qu’Adèle, à moitié vaincue par la surprise, et surtout par l’émotion de ses sens, n’a pas même la force de lui faire un reproche. Agitée, hors d’elle-même, pour échapper à l’œil avide de son amant, qui dévore ses charmes, elle se tapit dans l’eau, trop peu profonde. L’amant, écouté sans courroux, devient plus tendre, plus pressant ; il fait parler en sa faveur l’amour-propre, l’occasion, le désir, la curiosité. Quel cœur de femme a jamais résisté à ces attaques réunies ? Adèle, sans rien concevoir encore au langage de l’amour, s’abandonne doucement, et sans presque s’en apercevoir, à l’instinct du plaisir. Le désir assoupit par degré la pudeur ; ses yeux, baissés jusqu’alors, commencent à s’arrêter sur le coupable, que ce coup-d’œil enhardit. Il hasarde un baiser. Le succès de cette première tentative devient le signal de nouvelles témérités. L’heureux