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GALERIE DES FEMMES

manquer d’éveiller au sein de l’aimable adolescente des sensations aussi vives que nouvelles. Sargines commençait à s’apercevoir de ses succès, et le feu qui circulait dans ses veines le pressait d’en venir au dénoûment. Une question d’Adèle l’amena plus naturellement qu’il ne l’espérait. « Vous nagez parfaitement, ma chère Pulchérie, dit-elle avec ingénuité, mais n’y a-t-il pas une autre manière ? on appelle cela faire la planche, à ce que m’a dit mon frère ; essayez un peu. » Notre étourdi, qui sait à quoi l’expose sa condescendance, hésite un moment ; et prenant enfin son parti, se renverse audacieusement sur l’eau… Mais quel spectacle a frappé la vue de la craintive Adèle ! — « Pulchérie ! s’écrie-t-elle avec l’accent de l’effroi et en courant vers le rivage… fuyez, fuyez, un reptile énorme… tout près de vous, sur vous-même !… » Sargines, en riant, vole sur ses traces, et bientôt, abjurant la feinte, se précipite à ses pieds, l’enlace doucement dans ses bras, et sans lui donner le temps de se remettre de son épouvante, il lui fait, dans