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GALERIE DES FEMMES

voluptueux qu’il indique, et dont il suit des yeux l’exécution. Écoutons un peu comment il s’explique, et par ce qu’il dit imaginons ce qu’il sent. « Étendez bien horizontalement votre corps, ma chère Adèle, et ne craignez rien pour votre tête : je la soutiendrai au-dessus de l’eau… À merveille ! voilà vos jolis pieds au niveau de vos épaules ; maintenant écartez, par un mouvement uniforme des bras et des jambes, l’eau qui vous presse de tous côtés… très-bien les bras ; mais les jambes craignent de s’ouvrir, et c’est justement de leur jeu que dépend le succès de l’action. » Le fripon insista longtemps, comme on peut croire, sur le mécanisme des jambes, et fit durer la leçon jusqu’à ce qu’Adèle, fatiguée de ses premiers efforts, exigea qu’il prêchât d’exemple et nageât devant elle. Il s’élance aussitôt, se joue autour d’elle, tantôt au fond, tantôt à la surface de l’eau ; il plonge, disparaît à ses yeux, et tandis qu’elle le cherche et le croit bien loin, un baiser, tel qu’elle n’en reçut jamais, l’avertit de l’endroit où il se cache. Mille badinages de cette espèce ne pouvaient