Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
GALERIE DES FEMMES

à chaque voile que laissait tomber la pudeur, elle se fût éloignée de cette onde dangereuse où l’attendait le sort d’Aréthuse. — S’il nous était permis de refroidir l’intérêt de la situation par des comparaisons poétiques et déplacées, nous établirions un parallèle entre Vénus sortant des eaux et notre Adèle au moment d’y entrer ; nous pourrions enfin dire les plus jolies choses du monde ; mais le lecteur impatient nous dirait avec Plutarque : Tu tiens mal à propos de fort bons propos. Laissons donc à l’imagination de quiconque en a le soin, de comparer et d’apprécier les charmes naissants qu’Adèle expose au jour pour la première fois. La voilà nue ; ses longs cheveux blonds déployés flottent sur ses épaules ; elle s’avance doucement ; son petit pied, qui laisse sur le sable une empreinte charmante, interroge avec timidité la profondeur de l’eau ; une de ses mains éclipse entièrement le plus secret de ses charmes, mais l’autre ne peut suffire au double emploi dont elle est chargée. Le jeune Sargines (car il est temps de confirmer le soupçon