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GALERIE DES FEMMES

n’avait qu’un fils. — Il n’y a que huit jours que je sors du couvent… Mais, mademoiselle Adèle (vous voyez que je sais votre nom), ne vous baignez-vous pas ? l’eau est si bonne, si chaude !… — Je le voudrais bien, je vous assure ; mais j’ai peur des couleuvres, et ma tante assure que cet endroit en est rempli. — Et vous croyez à ces contes ? Je me baigne ici tous les jours, et je puis vous assurer que vous n’avez rien à craindre. » — Adèle, après quelques difficultés, se décide enfin : elle s’assied sur une éminence de gazon, et se met en devoir de quitter ses vêtements. Les soupçons que le lecteur a déjà pu concevoir, doivent lui donner la mesure de l’attention que la trompeuse sirène porte aux moindres mouvements de sa compagne. Pourquoi faut-il que l’ignorance soit pour les femmes plus dangereuse que la coquetterie ? Adèle, un peu moins neuve, eût échappé au piége que lui tendait l’amour ; elle eût découvert le faune audacieux sous les traits de la nymphe timide : éclairée surtout par ce regard lascif qui s’attachait sur ses appas, et brillait d’un feu nouveau