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GALERIE DES FEMMES

en certitude lorsqu’un mouvement lui permit de distinguer les traits délicats du plus joli visage. Rassurée par ses observations, Adèle ne balança plus à se montrer. « Pardon, mademoiselle, dit avec un ton plein d’ingénuité la nymphe des bois à la prétendue nymphe des eaux, si je viens troubler vos plaisirs solitaires. — C’est moi, répondit la naïade d’un son de voix équivoque, qui vous dois des excuses pour la liberté que j’ai prise de me baigner dans cette partie de l’étang qui vous appartient ; mais il était bien difficile de résister à la double invitation de la saison et du lieu. — Ce que je ne puis concevoir, reprit Adèle, c’est que vous y soyez parvenue à travers cette forêt de roseaux qu’il vous a fallu franchir pour arriver ici. — Je n’ai pas eu cette peine : la terre de mes parents touche à la vôtre ; ce petit bassin seul nous sépare. — Quoi ! mademoiselle, vous êtes la fille de notre voisin le comte de Sargines ! — Oui, mademoiselle ; je me nomme Pulchérie, et je suis fille du comte, votre voisin. — Ma tante m’avait, je crois, dit qu’il