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GALERIE DES FEMMES

qui se joue parmi les feuilles, le concert des oiseaux, un jour voluptueux qui s’éteint dans l’épaisseur des rameaux, tout concourt à augmenter le charme dans lequel son âme paraît absorbée. Une langueur inconnue s’empare de ses sens ; sa tête, mollement inclinée, cherche un appui contre le pied de l’arbre, et ses mains s’égarent au hasard sur le gazon et sur ses charmes. — Un léger bruit qu’elle crut entendre à quelque distance d’elle, la tira de cette espèce d’extase ; elle se lève doucement, et s’avance d’un pied timide vers l’endroit d’où le bruit semblait partir. — Après s’être fait jour avec beaucoup de peine et de précaution dans l’épaisseur du taillis, Adèle se trouva sur le bord de l’étang qui fermait un des côtés du parc. Quelqu’un, attiré par la chaleur du jour et la fraîcheur de l’eau, se baignait dans cet endroit écarté ; son premier mouvement fut de se retirer ; mais à la vue d’une longue chevelure blonde, déployée sur des épaules d’une éblouissante blancheur, elle se crut avec une personne de son sexe, et son doute se changea pour elle