quatre jours aux plus horribles souffrances, et ne s’occupant dans ces moments d’horreur qu’à prévenir le désespoir de son amant ! Qui pourrait retenir ses larmes et son admiration en voyant une jeune beauté dont le printemps commence à peine, sourire aux approches de la mort et, rassemblant toutes ses forces avant d’expirer, prononcer d’une voix éteinte ces mots, que je crois encore entendre :
« Édouard, j’ai vu mourir mon père, et j’ai vécu pour toi ; vis à ton tour pour ma fille : je te le demande au nom de l’amour que tu as allumé dans mon sein, et que la mort même n’éteindra pas. Je te laisse une autre Sophie : tu me retrouveras dans son cœur. Adieu, mon cher Édouard ; je vais t’attendre dans la tombe paternelle ; mais souviens-toi que tu m’as juré de ne point hâter le moment qui doit tous trois nous réunir à jamais. »
Je t’ai tenu parole, ombre toujours plus adorée ; mais dans l’abîme de misère où m’a laissé