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GALERIE DES FEMMES

ans, avait déjà jeté un regard curieux sur ses appas ; elle s’interrogeait sur leur usage, et quelques rêves heureux commençaient à le lui faire soupçonner.

Dans le fond d’une campagne où cette aimable enfant était retirée, sous la garde d’une vieille tante à qui sa jeunesse était confiée, son amusement le plus vif et le plus habituel était la promenade. L’austère surveillante ne pouvait raisonnablement s’opposer à ce qu’elle en goûtât le plaisir dans un parc assez vaste, fermé d’un côté par de hautes murailles, et de l’autre par un étang.

Un jour d’été, à l’heure où le soleil, après avoir fourni les trois quarts de sa course, s’abaisse vers l’horizon, Adèle, un livre à la main, s’égarait dans les allées les plus solitaires du bois. Distraite de sa lecture par le charme du lieu, elle s’assied au pied d’un arbre. Les objets qui l’entourent attirent successivement son attention. La variété des fleurs qui nuancent avec tant d’éclat et de grâce la verdure uniforme, le murmure agréable d’un vent frais