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GALERIE DES FEMMES

de mon âme embrasée, en est-il qui puissent donner une idée de cette volupté céleste, de cette ravissante sensibilité, de cette pureté des anges qu’il n’appartint jamais qu’à toi de réunir ? En est-il qui puissent rendre le charme attaché à tes caresses, à tes soupirs, à ce doux abandon de ton âme, à cet étonnement si naïf de la plus aimable ignorance ? En est-il surtout qui puissent exprimer ces gémissements si tendres qui attestaient le triomphe de ton amant fortuné ? Oui, nous étions, comme tu le disais en me pressant sur ton cœur, les deux moitiés réunies du même être ; mais je n’en étais que le corps : Sophie, tu en étais l’âme ; et moi, semblable à ces substances inodores qui s’approprient, par la communication immédiate, un parfum qui leur est étranger, je puisais dans tes bras une existence nouvelle, et ton amour m’élevait jusqu’à toi.

Il est évanoui pour jamais le songe du bonheur ; j’ai vu un moment la clarté des cieux, et je suis tombé dans l’horreur des ténèbres.