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GALERIE DES FEMMES

les siens s’enlacèrent autour de mon corps, et son haleine embaumée vint effleurer mes lèvres. Je le recueillais d’une bouche enflammée, ce souffle d’amour ; mais je tremblais encore d’aller le respirer à sa source : Sophie franchit l’intervalle, et nos âmes se réunirent dans un baiser.

Moment de félicité suprême ! nuit d’éternelle mémoire, qui devait être payée par d’éternels regrets, je ne profanerai pas le mystère d’amour dont tu fus le témoin. Restez ensevelis dans l’ombre et dans mon cœur, souvenirs déchirants des plaisirs que j’ai goûtés dans les bras de la plus parfaite créature qui jamais ait été formée ! Ne crains pas, ange de pudeur, que ton amant sacrilége trahisse le secret de tes modestes appas, qu’il déchire après ta mort un voile que l’amour seul eut le droit de soulever pendant la vie. Ah ! ce serait en vain que mon cœur me retracerait toutes les délices de ta possession : il n’est point de langue qui pût les exprimer. S’il est des mots pour peindre le délire de mes sens, les transports