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GALERIE DES FEMMES

ou servaient à son usage. Cette glace avait retenu l’empreinte de ses traits adorés ; ces parfums n’embaumaient pas de leur odeur : ils me semblaient exhaler quelque chose de cette essence divine que je ne respirai jamais qu’auprès d’elle. La vue de ce lit embrasait mon âme et mes sens ; je n’osais le fixer : il brûlait mes yeux. L’égarement de ma tête et de mon cœur régnait dans mes discours et dans mes actions. J’allais, je venais, j’errais autour d’elle ; je saisissais ses vêtements épars, je les couvrais de baisers : j’avais besoin d’intermédiaires pour arriver jusqu’à Sophie. « Idole de mon âme ! lui disais-je en retombant à ses pieds, aie pitié du désordre où tu me vois. Si tu es une divinité, pourquoi cette illusion ravissante de mes sens ? Si tu es une mortelle, pourquoi cette crainte religieuse qui m’arrête ? »

« Édouard, me dit-elle d’une voix faible, je suis plus qu’une divinité, je suis ton amante. » Et sa main, en parlant ainsi, tomba dans la mienne, et sa tête vint chercher un appui contre mon sein. J’osai la serrer dans mes bras ;