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GALERIE DES FEMMES

aux pieds de laquelle j’étais prosterné en silence. Tant de beauté pouvait-il être le partage d’une mortelle ? Je crois encore la voir ! La tête mollement inclinée sur son sein, portant à la fois sur sa figure les impressions de la crainte, de la pudeur et de l’amour, je vois les pleurs qui s’échappent à travers sa paupière ; ils tombent sur son sein, et s’y évaporent comme des gouttes d’eau sur un fer brûlant. « Divine Sophie ! m’écriai-je en sortant de l’extase où m’avaient plongé toutes les sensations qui m’assaillaient à la fois, laisse tomber un regard sur le fortuné mortel qui meurt à tes pieds d’amour et de reconnaissance. » Elle souleva ses paupières d’ébène encore chargées de larmes, et ses yeux s’attachèrent dans les miens avec une expression si tendre !… Je me crus transporté dans les cieux… L’ivresse s’empara de moi ; je me levai ; je parcourus à grands pas cette chambre ou plutôt ce sanctuaire, duquel je n’étais jamais approché depuis un an que j’habitais ce séjour. Tous les objets dont j’étais environné appartenaient à Sophie,