Page:Jouy - La Galerie des femmes, 1869.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
GALERIE DES FEMMES

surpris notre pensée :) Quand vous cesserez de vous aimer comme amants, vous resterez encore, et pour toujours, unis l’un à l’autre par l’amitié, qui ne vieillit pas, par l’habitude, qui se fortifie en vieillissant, par les doux souvenirs de l’amour, et surtout par le charme invincible que la nature attache au doux nom de père et de mère. Un pressentiment qui n’a plus rien de pénible, puisque je vois ma fille heureuse, m’avertit que je touche au terme de ma carrière : c’est entre tes mains, mon cher Édouard, que je dépose mon trésor. Reçois ta maîtresse des mains de son père : elle est à toi. Soyez heureux, mes enfants, et chérissez ma mémoire. » Il n’avait pas fini de parler, que nous étions à ses genoux. Sophie le tenait embrassé ; nos larmes inondaient ses mains paternelles. Il nous releva, nous pressa contre son cœur, et nous reprîmes tous trois le chemin du château, dans un état plus facile à imaginer qu’à décrire.

J’ignore comment cette journée s’écoula, et par quelle succession de temps, d’actions et