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GALERIE DES FEMMES

au bosquet du Silence. Nous y courûmes, ne devinant pas la cause de l’émotion secrète qui nous saisit en même temps. Sans nous donner le temps de l’interroger, le père de Sophie nous fit asseoir à ses côtés, et nous tint ce discours, que mon cœur retrace fidèlement à ma mémoire :

« Je me suis levé de bonne heure aujourd’hui, mes enfants, afin de ne rien perdre d’une journée consacrée dans mon souvenir par l’événement le plus heureux de ma vie, et qui doit un jour vous être cher au même titre. C’est à cette époque, à cette même heure, il y a dix-huit ans, que ma Sophie, que cet ange du ciel a paru sur la terre, et j’ai choisi l’anniversaire de sa naissance pour m’acquitter du plus saint devoir qui me reste à remplir dans ce monde.

« Voilà près d’un an, mon cher Édouard, que le hasard, — à ma place Sophie dirait l’amour, — vous amena dans notre retraite pour nous sauver la vie, et ce n’est peut-être pas le plus grand service que vous nous avez rendu ; car