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GALERIE DES FEMMES

lequel ma jeune compagne guidait mes pas. Partout elle était adorée, partout elle était accueillie par les bénédictions de la reconnaissance. Nous rentrions à l’heure où M. de Clénord avait coutume de se lever, et pendant le déjeuner nous l’amusions du récit de notre promenade. Pendant que Sophie s’occupait des travaux de son sexe, que son aiguille reproduisait sur l’étoffe les miracles de la peinture, que ses doigts agiles formaient en se jouant ce tissu précieux, ornement des attraits qu’il feint de couvrir, nous répétions en sa présence, M. de Clénord et moi, quelques expériences de physique, nous éclaircissions quelques points d’histoire, où nous suivions sur la carte quelque voyageur célèbre. L’aimable enfant abandonnait souvent le crochet ou le fuseau pour s’immiscer à nos savantes recherches, et quelquefois la vivacité de son esprit devançait ou redressait notre jugement. Nous dînions tard, pour avoir à disposer d’une matinée plus longue. Le reste de la journée était consacré à surveiller les travaux d’économie