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GALERIE DES FEMMES

récit. J’errais depuis quelques heures dans des jardins où le goût avait réuni la majestueuse régularité des dessins français aux grâces irrégulières de la nature ; on vint m’avertir que l’on m’attendait au château pour déjeuner.

Je trouvai le père et la fille réunis dans un pavillon du jardin. Le vieux Edmond, en robe de chambre, un petit bonnet de cuir vert sur la tête, était assis près d’une table, où sa charmante fille faisait avec une grâce inexprimable les préparatifs de notre déjeuner. Qu’elle était ravissante dans l’aimable simplicité de sa toilette ! Ses longs cheveux roulés circulairement autour de sa tête, une simple robe de mousseline, rien de plus ; mais le goût, la beauté, la candeur avaient présidé à cette parure modeste. « Salut à notre ange tutélaire ! dit, en me tendant la main lorsqu’il m’entendit entrer, le père de Sophie ; je n’ai jamais autant regretté la perte de mes yeux, ajouta-t-il ; il est si doux de voir son bienfaiteur ! — Ah ! monsieur, répondis-je d’une voix émue, ne parlons plus d’un service si fort au-dessous