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GALERIE DES FEMMES

dans ce bosquet consacré jadis au silence et maintenant à la mort, nous a-t-elle transportés, par ses chants mélodieux, au séjour céleste qu’elle habite aujourd’hui sans doute ! Combien de fois, ému par ses accords touchants, n’ai-je pas arrosé de larmes prophétiques cette terre où maintenant elle repose !

J’ai dit que Sophie était belle, instruite, douée de tous les talents ; cet éloge peut appartenir à quelque autre femme, mais celui de son cœur, de son caractère, quelle autre oserait se l’approprier ? De quelle autre maîtresse un amant a-t-il jamais dit : « Celle que j’aimais, après cinq ans d’une possession paisible, me paraissait encore douée de tous les attraits, de toutes les perfections que j’adorais en elle aux premiers jours de notre union. Bonne autant que généreuse, elle n’eut jamais avec moi le plus léger tort, et jamais ne s’en prévalut pour me faire sentir les miens. Douceur inaltérable, modestie, bienfaisance, votre empire ne se détruit jamais, et l’Amour est immortel quand vous composez son cortége ! » Je reprends mon