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GALERIE DES FEMMES

à son cœur ; sa bonté naturelle, qui se faisait sentir dans ses moindres actions, dans ses discours, même dans son silence, lui assurait, sans étude, tous les avantages de la politesse la plus recherchée. Son digne père (un des hommes les plus instruits de son siècle) avait fait de l’éducation de cette fille adorée l’objet de ses plus douces occupations. Il n’avait pas eu la ridicule prétention de faire autrement que la nature, et de placer par l’instruction, au second rang des hommes, l’être charmant né pour briller au premier de son sexe. Sophie, sans être savante, avait des idées justes de presque toutes les sciences, et plus ou moins étendues, suivant le degré d’utilité ou de plaisir qui pouvait en résulter pour elle.

Elle excellait dans les talents agréables, et la musique est celui dans lequel ses succès tenaient du prodige. Il est impossible de se faire une idée du charme de sa voix, et d’imaginer une harmonie plus ravissante que celle dont sa harpe enchantait le cœur et les oreilles. Combien de fois, assise entre son père et moi,