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GALERIE DES FEMMES

sa bouche peignait à la fois la volupté dans ses contours, l’innocence dans sa fraîcheur et le bonheur dans son sourire ; que ses longs cheveux noirs recevaient un nouveau lustre de l’éclatante blancheur de son teint ; après avoir décrit scrupuleusement chacun de ses traits, on pourrait se faire une idée vague d’une beauté parfaite ; mais qu’on serait encore loin du portrait de Sophie !

This not a lip, or eye we beauty call,
But the joint force and full résult of all.
[1]

Sa physionomie morale n’était pas moins difficile à saisir ; il existait entre son esprit, ses talents, ses vertus, le même accord, les mêmes nuances, la même harmonie de contrastes que dans les traits de sa figure. Élevée plus loin de la société, dans une heureuse ignorance des vices, des folies, des préjugés qui l’inondent, Sophie possédait au suprême degré cette vertu étrangère à son sexe, la franchise ; si le mensonge n’avait jamais approché de sa belle bouche, jamais une vérité dure n’était échappée

  1. note de wikisource cf. Pope, Essay on Criticism, (Ce n’est pas une lèvre, ou un œil que nous appelons la beauté, / Mais la force conjointe et le résultat complet de tout.)