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GALERIE DES FEMMES

scélérat, et que je le reconnusse pour celui dont la voix s’était élevée un moment en faveur de l’innocence, dans le dialogue que j’avais entendu dans la forêt. Il n’en fallut pas davantage pour obtenir sa grâce de la part des généreux habitants de Clénord, et l’on convint que je le reconduirais le lendemain chez son père, honnête fermier des environs, en le rendant responsable de sa conduite à l’avenir. Il était quatre heures du matin avant que nous pussions songer à prendre le repos dont chacun de nous avait grand besoin. Au moment de nous séparer, mon vénérable hôte me prit la main, qu’il serrait avec bonté dans les siennes : « Allez, me dit-il, excellent jeune homme, après une bonne action goûter un sommeil paisible ; songez au bienfait, nous rêverons à la reconnaissance. » Cette expression touchante des sentiments du père fut accompagnée d’un seul regard de son adorable fille ; mais ce regard me payait mille fois du service dont il était la récompense.

C’est en vain que les fatigues de la journée