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GALERIE DES FEMMES

exprès des maîtres qu’elle consentit à m’introduire. Mon guide me conduisit à travers une file d’appartements, aussi vastes que somptueux, dans un cabinet où le spectacle qui frappa mes regards se grava pour jamais dans mon cœur. Un vieillard aveugle, de l’aspect le plus noble, dont les cheveux de neige décoraient la tête vénérable, une de ces figures dignes du pinceau du Titien, était assis dans un large fauteuil, le coude appuyé sur une table où je remarquai des cartes de géographie et quelques instruments de physique. L’habit d’officier général dont il était vêtu annonçait le grade éminent qu’il avait occupé dans l’armée. Sa fille, un ange de grâces, de beauté, de jeunesse, était assise auprès de lui, une de ses mains dans celles du vieillard. « Monsieur, dis-je en entrant à cet homme respectable, vous avez devant vous un jeune voyageur bien maltraité par la tempête ; mais il bénit l’événement qui le met dans la nécessité de vous demander l’hospitalité pour cette nuit. — Qui que vous soyez, me dit-il en me faisant asseoir,