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GALERIE DES FEMMES

avec l’intention d’aller coucher à Limoges. Nous n’étions pas à une demi-lieue de Valière, que nous fûmes assaillis du plus terrible ouragan que j’aie vu de mes jours. La foudre était déjà tombée deux fois à quelque distance de ma chaise, les arbres se brisaient sous l’effort des vents, et les chevaux, effrayés, refusaient d’avancer. Le postillon tremblant, après avoir juré comme un païen, commençait une prière très-chrétienne ; mais il fut interrompu par un coup de tonnerre qui le renversa mort ainsi que les chevaux. On peut se faire une idée de ma situation dans ce désastre général. J’étais descendu de voiture, et le tintamarre des vents, de la pluie, de la foudre, des arbres qui se fracassaient dans leur chute ne me permettant pas un examen très-réfléchi du parti que j’avais à prendre, je me retirai sous les premiers arbres à l’entrée de la forêt, où je me croyais plus en sûreté que dans ma chaise. Il y avait un quart d’heure que j’étais dans cette pénible situation, lorsque je crus entendre parler à très-peu de distance de moi ; je prêtai l’oreille,