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GALERIE DES FEMMES

sir que je prenais pour l’amour, de l’amitié qui m’avait trahi, sans parents, maître de ma fortune, je parcourais la France pour découvrir quelque solitude où je pusse réaliser le projet de retraite dont j’étais occupé. J’avais visité sans succès la Champagne, la Bourgogne, le Beaujolais, la Bresse, le Lyonnais, et je poursuivais mon voyage dans l’ouest de la France, lorsqu’un événement assez extraordinaire mit un terme à mes courses, et décida de ma destinée.

Le jour était sur son déclin, et l’état du ciel faisait craindre un violent orage au moment où j’arrivais à Valière, petit bourg à quatre lieues de Limoges, le 22 du mois d’Auguste. Je fus un moment tenté de ne pas aller plus loin, et j’avais toutes les raisons du monde pour m’arrêter à ce parti ; le tonnerre commençait à gronder, la nuit approchait, et l’on m’avait prévenu que les chemins étaient infestés de voleurs ; mais, en dépit du libre arbitre, la fatalité, dont le pouvoir me semble mieux démontré, me contraignit à me mettre en route