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GALERIE DES FEMMES

s’armât de branches nouvelles, et sans vouloir qu’on en écartât les épines.

« Quelles couleurs, quel pinceau, quel peintre pourraient espérer de donner à ce tableau l’énergie, la grâce, le mouvement, le désordre divin qui présidèrent à sa composition ? Je ne puis qu’offrir à ton imagination la belle et lascive Sapho, s’agitant avec une espèce de fureur sous les verges de la volupté, s’offrant elle-même, sous mille formes variées, aux atteintes qu’elle provoque : tout son être est en feu ; son corps en a la couleur, et quelques gouttes d’un sang vermeil brillent comme autant de rubis sur ce tapis de pourpre. Mais de quels mots me servir pour te rendre sensible le phénomène dont je fus témoin !

« Tu connais l’histoire de la nymphe Salmacis, son amour pour le bel Hermaphrodite, comment elle le surprit au bain, comme il se défendit, la prière que la nymphe fit à Vénus, et la métamorphose qui s’ensuivit ; eh bien ! Sapho parut alors à peu près dans l’état où se trouva Salmacis après sa prière. Ce prodige