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GALERIE DES FEMMES

assister. Ailleurs la gloire est de battre, ici d’être battu. Myrrha voulut entrer la première en lice. Tandis que Sapho exerçait sa douce furie sur des épaules de neige, sur des touffes de lys, objet d’un culte profane, Coralie portait plus légèrement des coups plus sensibles sur le tissu délicat d’une gorge d’albâtre, et d’une verge vengeresse poursuivait l’Amour jusque dans son réduit le plus secret. Myrrha, semblable à ces courageux Indiens qui défient leurs bourreaux au milieu des supplices, irritait les siens de la parole et du geste, et leur indiquait la place où leurs coups devaient tomber. Ce beau corps, où la nature prodigua les lys d’une main si libérale, se colore insensiblement du plus vif incarnat, ainsi qu’on voit au matin l’horizon argenté se nuancer des couleurs de l’aurore. Coralie prit à son tour la place de Myrrha, et ne se montra pas moins courageuse. Placée par ses compagnes dans vingt attitudes différentes, elle vit, avec une émotion plus vive que pénible, l’albâtre de ses charmes naissants disparaître sous un rideau de pourpre.