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GALERIE DES FEMMES

qu’à nous, poursuivit-elle d’un air un peu confus, d’en faire une douce réalité. » Ce mot prononcé, deux baisers pris sur la même bouche commencèrent le prodige. Les deux aînées des Grâces procédèrent ensuite à la toilette de la plus jeune, c’est-à-dire qu’elles s’empressèrent de l’embellir de tous les charmes de la nudité. Coralie, en rougissant, se prête à leurs désirs. Tandis que Sapho dépouille du tissu de soie qui les couvre une jambe d’ivoire, un pied furtif, Myrrha fait tomber un jupon envieux, délace le corset, enlève le fichu, desserre la coulisse qui retient un dernier voile de lin, et mille baisers saluent les attraits que leurs mains découvrent. Quelque feu que ce spectacle allumât dans mes sens, il n’égalait pas l’ardeur de celui dont les deux amies paraissaient embrasées. Faut-il te l’avouer à ma honte ? l’orgueil, l’amour, la nature réclamaient en vain dans mon cœur contre l’outrage qu’ils recevaient en ce lieu. Telle était la force de l’enchantement, que je n’eusse pas changé mon rôle de spectateur contre celui d’acteur dans cette scène,