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GALERIE DES FEMMES

nin. Pour ne point me trahir, je quittai le chemin pour suivre le cours d’un ruisseau qui me conduisit sur un amas de rochers, à travers lesquels il s’introduisait dans la grotte. Il n’y avait pas moyen de m’y couler avec lui, mais à force d’essais, je parvins à me faire jour parmi de vieux troncs d’arbres, et à m’établir dans une excavation obscure et commode d’où je découvrais parfaitement l’intérieur de ce réduit solitaire, où le trio charmant m’avait précédé. Tu connais le lieu de la scène ; aussi je te fais grâce d’une description à laquelle ta mémoire peut suppléer. — Ma mémoire ne peut suppléer à rien, car je ne connais point la grotte dont tu parles. — Il faut donc que je t’en donne une idée, car elle est nécessaire à l’intelligence de l’action. Cette grotte est pratiquée dans un roc artificiel où la nature trompée sourit aux ravages du temps : on y parvient à travers des ronces et des débris en passant sous une saillie de rochers hardiment suspendus. L’intérieur de ce mystérieux asile est tapissé de mousse, de lierre et de jasmin. Dans