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GALERIE DES FEMMES

lui jurer ; en conséquence, on fit venir le soir au logis d’Adorine un révérend père récollet, ancien directeur de ces dames, du moins à ce qu’elles disaient, et l’on procéda aux cérémonies exigées par l’Église. Le saint homme observa qu’il était indispensable que les futurs conjoints approchassent du tribunal de la pénitence avant de recevoir le sacrement de mariage. Bonnard s’en défendit avec malice, observant qu’il était d’usage que les femmes fissent pénitence avant, et les maris après le mariage. Herminie, pour satisfaire à ce pieux devoir, s’enferma une grande heure avec le cénobite, dans un appartement reculé ; ce qui fournit à l’ami Bonnard l’occasion de faire sur la longueur de cette confession d’excellentes plaisanteries dont Adorine s’amusait beaucoup. Enfin Herminie reparut, et l’on voyait dans ses yeux et dans ceux du révérend tant de contrition, tant de béatitude, que Bonnard, tout esprit fort qu’il se dît, en était édifié. Je n’ai pas besoin, j’espère, de te dire que ce récollet n’était autre que Préval, de t’expliquer, et comment il donna presque au