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GALERIE DES FEMMES

que sa jolie figure, crut devoir écarter pour un temps de sa jeune compagne le cortége des Amours, qui ne manque jamais d’effaroucher l’Hymen. Le publicain Bonnard, un contrat de mariage dans une main et deux cent mille écus dans l’autre, avait obtenu l’aveu d’Adorine et le consentement d’Herminie. La célébration du mariage était remise à huit jours, et le Turcaret remplissait cet intervalle par des fêtes, où son opulence brillait toujours aux dépens de son goût. Sa mauvaise étoile voulut que Préval, le plus joli danseur de Paris, se trouvât à un bal que donnait le futur, quatre jours avant la cérémonie qui devait lui assurer, sinon la possession, du moins la jouissance de cette charmante fille. Personne ne valse comme Préval. Il fit tant valser Herminie, qu’il lui tourna la tête, et qu’Adorine, qui connaît l’empire des caprices, en vint à craindre que la petite n’attendît pas au cinquième jour pour faire quelque folie dont les suites pouvaient éloigner l’épouseur ; en conséquence, elle s’empressa de se mettre en tiers dans cette intrigue. « Mon