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GALERIE DES FEMMES

t’assurer sur les lieux, il s’était ouvert à la seconde scène du quatrième acte (les Femmes savantes). Voici les vers maculés :

....... Ah ! que les belles âmes
Sont bien loin de brûler de ces terrestres flammes !
Les sens n’ont point de part à toutes leurs ardeurs,
Et ce beau feu ne veut embraser que les cœurs.
Comme une chose indigne, il laisse là le reste ;
C’est un feu pur et net comme le feu céleste.
On ne pousse avec lui que d’honnêtes soupirs,
Et l’on ne penche point vers les sales désirs.
Rien d’impur ne se mêle au but qu’on se propose :
On aime pour aimer, et non pour autre chose.
Ce n’est qu’à l’esprit seul qu’on doit tous les transports,
Et l’ont ne s’aperçoit jamais qu’on ait un corps.

Déidamie, qui se rappela m’avoir vingt fois tenu ce langage, ne trouva pas l’aventure aussi plaisante que moi, et sa confusion, qu’elle déguisait mal, me fit voir qu’au fond elle se rendait justice.

Je finis cette éternelle épître en t’annonçant que j’ai quitté Melville hier matin, sans prendre congé, pour me rendre au Désert, d’où je t’écris ; j’en partirai ce soir, et tu peux m’attendre avant minuit.