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GALERIE DES FEMMES

tin, furent les nouveaux sujets d’un entretien où la belle déploya toutes les ressources de sa mémoire (qu’elle espérait me faire prendre pour les richesses de son imagination), et qui me conduisit à faire une découverte que je soupçonnais par inspiration ; c’est que la dame parle à tous propos d’un cœur qu’elle n’a pas, et ne dit rien des sens, qu’elle possède. J’eus un moment honte d’accorder les honneurs du blocus à la place que je pouvais emporter d’assaut ; mais réfléchissant aux conditions de notre pari, qui me prescrivait des formes et exigeait des preuves, je résistai à la tentation ; œuvre d’autant plus méritoire, que la jeune pédante, dans l’aimable désordre d’une toilette du matin, était véritablement séduisante.

Après déjeuner, Déidamie me proposa de passer dans son cabinet de physique. Elle savait à peine se servir des instruments les plus connus ; ainsi je n’eus pas de peine à passer pour un aigle à ses yeux, en reproduisant deux ou trois des expériences les plus faciles de Nollet et quelques récréations d’Ozanam. Je