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GALERIE DES FEMMES

mais je n’ai jamais pu descendre à la bassesse des calculs, aux détails orduriers d’un ménage ; et cette grandeur d’âme, secondant à merveille l’esprit de rapine de mon intendant et de mes gens d’affaire, m’a conduite à craindre de me voir incessamment ruinée. Obligée, pour un moment, de fixer mes yeux sur ma situation, je n’ai trouvé qu’une ressource ; elle est sûre, mais elle est affreuse (c’est ici que j’ai besoin de toute ton attention) : c’est d’acheter une fortune nouvelle au prix de la première, en d’autres mots, de me remarier. — Je vous plains, lui dis-je, d’être encore réduite à ce pénible sacrifice. Mais l’amour prête, cette fois, peut-être quelque charme à la nécessité. — Pouvez-vous croire (écoute bien, je n’ajoute pas un mot) que je puisse jamais prostituer l’amour aux soins mercenaires de l’hymen ? Ce soupçon ne vous sera plus permis, lorsque vous saurez l’idée que je me fais de cette passion sublime. » J’étais pressé de m’instruire, comme tu peux croire. « Ah ! madame, ajoutai-je avec l’air du plus tendre intérêt, avant