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GALERIE DES FEMMES

l’éducation des femmes, un essor digne d’un être pensant. Je n’avais que dix-huit ans lorsqu’une maladie cruelle menaçant ses jours, lui fit craindre de me laisser bientôt sans fortune et sans appui. Pour parer à ce double malheur, il me décida, non pas sans difficultés, à épouser le plus ignorant et le plus sot des hommes, qui crut se faire un grand titre auprès de moi de son insipide amour et de sa grande fortune. Je perdis mon père cinq mois après mon mariage, et celui qu’on appelait mon mari ne lui survécut pas une année. Je me promettais bien de n’avoir plus rien de commun avec l’hymen, et je me créai un bonheur suivant mon système. J’ouvris un asile aux talents, au génie ; je consacrai à l’étude presque tous les moments de ma vie, et si je n’ai pas, comme vous, rompu en visière avec la société, c’est que des considérations puissantes, dont il me reste à vous faire part, s’opposent à l’exécution de ce dessein. Je vous ai dit que l’homme qui m’avait obtenue de mon père au tombeau, m’avait laissé une grande fortune,