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GALERIE DES FEMMES

connais, que je publie moi-même, ma franchise. Peut-être attaché-je trop d’importance à cette vertu, si souvent nuisible à qui la possède, dans un monde où tout est fraude, mensonge et perfidie ; mais moi, qui n’ai rien de commun avec mon espèce, qui vis isolé sur la terre, qui ne veux rien des hommes, et n’attends rien des femmes, qui n’ai conséquemment aucun intérêt à déguiser la vérité, je la dis ou me tais. Ma devise est celle du philosophe de Genève, vitam impendere vero. — Sans doute, monsieur, il est de ces âmes d’une trempe particulière, qui se sentent, s’attirent, s’unissent au premier abord, et démontrent en quelque sorte la vérité du système des Androgynes de Platon. Comment expliquer autrement ce que j’éprouve avec vous, au bout de deux jours de connaissance ? Comment justifier cette prédilection que je me sens disposée à vous accorder sur toutes les personnes qui se trouvent ici, et dans le nombre desquelles il en est cependant dont la liaison avec moi date de plusieurs années ? Je sais bon gré à Montagne