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GALERIE DES FEMMES

breuse compagnie du château s’était divisée en groupes ; les uns, c’est-à-dire, les plus âgés, s’étaient mis au jeu ; d’autres, rangés autour d’un piano, écoutaient une très-jeune et très-jolie personne, qui s’exerçait sur cet instrument avec autant de talent que de grâces ; d’autres enfin étaient descendus au jardin, pour y mettre à profit le plus aimable clair de lune. Déidamie avait refusé de prendre part à ces différents arrangements, et s’était assise près d’une fenêtre. Je m’approchai d’elle sans affectation, et je pris place, à sa prière, sur le même sopha. Après quelques moments d’une conversation insignifiante : « Vous me pardonnerez, me dit-elle, une question qu’aurait dû m’épargner Dutilleul ; mais persuadé comme il l’est qu’on ne peut guère se méprendre à un mérite comme le vôtre, il a négligé de m’apprendre à qui j’ai l’honneur de parler. » — Je n’avais garde, en déclinant mon nom, qu’elle a dû t’entendre prononcer cent fois, de me faire connaître pour ton ami ; je commençai donc par ce premier mensonge : « Je me nomme Dolbreuse, ré-