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GALERIE DES FEMMES

Afin de mettre une espèce d’ordre dans ma narration, et qu’elle puisse être de quelque intérêt, si l’envie nous prend quelque jour de la rendre publique, pour l’instruction des Charles présents et à venir, il est bon de te rappeler avec quel enthousiasme d’écolier tu me parlais de ta Déidamie dans tes lettres, pendant ma longue absence et pendant les premiers jours de notre réunion : Ce prodige de science et de talents, cette merveille, dont la beauté n’était que le moindre mérite ; ce phénix féminin, qui de son sexe n’avait que les appas, dont la vertu, fondée sur des bases inébranlables, le mettait à l’abri de toutes les faiblesses, de toutes les séductions. Tu sais avec quelle complaisance je t’écoutai d’abord, comme je me prêtai de bonne grâce à préconiser ton idole. Tant que je crus tes prétentions bornées à former une liaison de plaisir, je me gardai bien d’éveiller mon ami, car je compte pour beaucoup un beau rêve ; mais quand je te vis dupe de ton cœur au point d’offrir ta fortune et ta main à cette beauté ridicule autant qu’insi-