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GALERIE DES FEMMES

épaules ; peu s’en faut que tu ne jettes au feu ma lettre sans la lire. — Doucement, je sais qu’avec des caractères de la trempe du tien, les raisonnements sont perdus ; il leur faut des preuves. Eh bien ! va pour des preuves. Ouvre avec précaution cette lettre volumineuse ; entre le cinquième et le sixième feuillet, tu trouveras un petit papier ployé en forme de cœur ; baise-le religieusement, et avant de scruter le mystère féminin qu’il renferme, prends lecture du billet à vignettes, auquel il tient par une épingle. Vois ensuite ce que contient le petit papier ; mais n’oublie pas de te mettre en même temps à portée d’un fauteuil, pour t’évanouir plus à ton aise. Je te vois d’ici. Tu as peine à en croire tes yeux. Tu compares les écritures, les couleurs ; tu cherches à douter, la conviction t’étouffe, et tu te soulages par les transports de la plus comique fureur. Je te laisse exhaler ta bile, et je commence ensuite le récit que je te dois par ces mots de César :

Veni, vidi, vici.